Ellife, le live d’un hip hop latino plus vivant que jamais à Montréal

Légende : L’animateur Duendy Tucler mène le projet avec sérieux et enthousiasme ©Duendy Tucler

Par Alexis Lapointe

L’espagnol est aujourd’hui au cœur même de la signature du hip hop montréalais. Il s’agit maintenant de lui prêter l’oreille et c’est ce que fait l’artiste Duendy Tucler, en conviant chaque soir à 20h en Instagram Live les figures de proue du rap optant pour la langue de Don Quichotte à Montréal.

Ellife tend le micro à des artistes hip hop qui gagnent en reconnaissance à Montréal.

Une initiative discrète et pourtant loin d’être anodine, puisqu’elle constitue une occasion en or de connaître cette scène. D’ailleurs, le projet médiatique part en lion. On peut y entendre au fil des jours des rappeurs aussi essentiels que Boogat ou Paranoize raconter ce qui fait le propre de leur art … Word!

« Avec la pandémie, j’ai pris contact avec plusieurs acteurs-clés du milieu, mentionne l’animateur. On s’est mis à converser sur l’importance de se donner une meilleure représentation, alors j’ai eu cette idée de créer un live avec l’artiste Cuervo Loomi. » Celui que Duendy considère comme un véritable frère d’armes établit les contacts avec les invités, effectue la recherche ainsi qu’un travail de montage afin de constituer une archive sur Instagram.


Une pièce de l’artiste Cuervo Loomi, inspirée par la crise de la COVID-19

« Ce qu’on veut, c’est d’unir les gens pour frapper plus fort, dit-il. Notre scène est en vie, d’où le nom Ellife. » Un nom évocateur aussi par son clin d’œil à l’anglais, plusieurs des artistes interviewés prenant part à la scène montréalaise dans différentes langues. Duendy lui-même s’est en premier lieu fait connaître par sa participation au collectif Chemistry, qui conjuguait l’espagnol à l’anglais. « J’ai fait mon premier show au début des années 2000 à Shawinigan en première de Sans Pression, indique l’artiste, qui a grandi dans l’est de Montréal. J’ai découvert ensuite que l’espagnol rejoignait d’autres artistes. »

D’ailleurs, il rappelle que cette langue joue un rôle déterminant dans la genèse du hip hop à Montréal. « Avec le créole haïtien, l’espagnol était là dès la fin des années 1990, soulève-t-il. El Chapin, que j’interviewais en live il y a quelques jours a même sorti son premier album avant Rainmen et Muzion. » Vingt ans plus tard, le hip hop en espagnol serait-il porteur de nouveaux horizons?

Un mouvement inspirant s’annonce… pour qui est un peu hispanophone voire hispanophile ou même simplement familier avec l’espagnol callejero qui fait aujourd’hui partie de la langue du quotidien, de la rue à Montréal.

« La scène d’ici abonde de talents et peut se comparer à celles de Los Angeles ou de New York, soulevait dans un live l’artiste JP La Frekuencia. Quel est l’obstacle qui l’empêche encore d’être reconnue? »

Une question qui porte évidemment matière à réflexion. Chose certaine, l’attente doit céder le pas à une attention digne de ce nom pour ce mouvement en plein essor à Montréal.


À titre de journaliste indépendant et de rédacteur professionnel, Alexis Lapointe donne voix par son écriture à l’innovation dans les arts à Montréal.