Une femme inspirante en affaires internationales Québec-Mexique

Stéphanie Allard-Gomez tiene 25 años de experiencia en relaciones internacionales (foto: Délégation générale du Québec à Mexico).

Entrevue avec Stéphanie Allard-Gomez, déléguée générale du Québec au Mexique. Économiste de formation et diplomate de carrière Mme. Allard-Gomez fait la promotion des intérêts du Québec auprès des institutions  mexicaines, dans des secteurs variés tels que l’économie, la culture, l’éducation et l’immigration.

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Par Laura Ochoa et César Salvatierra

Depuis son enfance, Stéphanie Allard-Gomez a été en contact avec de nombreuses cultures. En raison de son travail, son père emmenait sa famille dans différents coins du monde: comme l’Afrique, l’Europe et l’Amérique Latine. Au Honduras, alors qu’elle était encore enfant, Mme. Allard-Gomez a appris l’espagnol en même temps que le français.

Mme. Allard-Gomez a près de 25 ans d’expérience en affaires étrangères et  en commerce international. Elle connaît les spécificités de plusieurs pays hispanophones et latino-américains grâce aux diverses fonctions qu’elle a exercées en tant qu’Ambassadrice du Canada au El Salvador (2006-2008) ou en tant que Directrice des relations commerciales avec l’Amérique latine au Ministère des affaires étrangères, du commerce et du développement international à Ottawa (2008-2009), ou comme Déléguée commerciale à Bogota et comme Déléguée générale du Québec au Mexique depuis septembre 2017.

Nous sommes en mai 2019, à la veille de la fête des Mères. Depuis son bureau au Mexique, Mme. Allard-Gomez pense à sa fille de 22 ans, étudiante à l’Université du Québec à Montréal. Elle est fière de constater qu’elle poursuit aujourd’hui ses propres rêves. Dans sa vie de diplomate, elle a toujours cherché l’équilibre travail-famille, même s’il n’a pas été simple de les concilier à certaines occasions. C’est pourquoi elle admire les hommes et les femmes qui y sont parvenus.  Elle ajoute que les gens et notamment les femmes qui l’inspirent le plus sont celles qui ont su conjuguer harmonieusement leur vie personnelle et leur carrière professionnelle, c’est-à-dire celles qui remplissent des fonctions professionnelles dans la société pour pouvoir se développer en tant qu’individu, mais aussi en tant que conjointe(s) et parent(s).

Leurs défis sont également liés au soutien aux femmes qui souhaitent s’immiscer dans les affaires internationales.

Quelles sont les caractéristiques qu’une femme doit posséder pour réussir dans le milieu des affaires internationales ?

Je pense qu’il y a certaines caractéristiques essentielles, à toute personne, soit un homme ou une femme, qui veut faire des affaires à l’international. Il faut être curieux, et  flexible face au changement et à la diversité, tout comme avoir une bonne capacité d’adaptation. Ceci est fondamental dans l’exercice de la profession diplomatique. Il faut savoir s’adapter et embrasser l’autre culture, tout en étant pragmatique.

En tant que mère, il faut savoir concilier la famille et le travail. La vie d’expatriée n’offre pas un environnement  facile pour  atteindre cet équilibre, surtout avec de jeunes enfants. Il faut savoir jongler avec ça, mais il n’y a pas de recette magique, on s’améliore avec le temps.

Quelle importance accorde la Délégation générale du Québec à Mexique à l’égalité de genre? Comment le réseau des femmes d’affaires au Québec est-il organisé et quels sont certains des avantages du réseau des femmes d’affaires au Québec?

Nous avons des initiatives à la Délégation pour mettre en évidence l’égalité de genre et la condition féminine qui sont des priorités pour le gouvernement du Québec au niveau local et international.

Depuis que je suis arrivée ici en 2017, nous faisons  partie du Réseau de femmes diplomates au Mexique (la Red de Mujeres Diplomáticas de México). Ce réseau ne se limite pas seulement aux femmes diplomates étrangères au Mexique, mais aussi aux femmes diplomates des affaires étrangères  du Mexique. Ce qui est vraiment intéressant c’est que ce sont de jeunes femmes qui se sont jointes dernièrement aux rangs de la diplomatie mexicaine. C’est vraiment extraordinaire et gratifiant d’avoir l’occasion de pouvoir échanger avec ces jeunes diplomates.  Nous contribuons à l’organisation et participons aux évènements  du réseau. Par exemple, nous allons organiser sous peu un petit déjeuner avec la nouvelle présidente du Conseil pour la prévention et l’élimination de la discrimination à Mexico (COPRED) qui traite de sujets comme l’égalité de genre, la communauté LGBT et les droits de la personne en général.

Il y a quelques mois, nous avons pris part à un panel sur la participation des femmes en diplomatie à l’Institut Matias Romero du Secrétariat des relations extérieures du Mexique. L’autre initiative sur laquelle nous  travaillons à la Délégation est la Table ronde sur la coopération internationale pour l’égalité des genres au Mexique (« International cooperation roundtable for gender equality in Mexico). Ce groupe a été créé par le bureau mexicain de l’organisme ONU MUJERES (ONU Femmes) en 2018, en collaboration avec plusieurs représentations diplomatiques et internationales au Mexique, incluant la Délégation du Québec. Entre autres, lors de la visite de la Ministre des relations internationales et de la francophonie du Québec,   Mme. Nadine Girault, en mars dernier, la Délégation a organisé un cocktail-conférence sur l’autonomisation économique des femmes dans le cadre du travail effectué par cette table ronde.

Quant à votre question sur le réseau des femmes d’affaires au Québec, je vous dirais qu’il y a plusieurs regroupements et organismes qui favorisent la participation des femmes dans le milieu des affaires au Québec. Ceux qui me viennent à l’esprit sont notamment le Réseau des femmes d’affaires du Québec, le réseau Femmessor et la Gouvernance au féminin, qui favorise davantage la participation des femmes dans le conseil d’administration. Mais plusieurs autres très belles initiatives sont également en place.

Au Québec, l’accent est mis sur l’importance de la participation des femmes dans la société, l’économie, la recherche, la fonction publique, et ce à tous les niveaux. Dans la diplomatie québécoise par exemple, notre ministre de relations internationales a annoncé le 8 mars dernier qu’elle s’engageait à viser constamment  la parité homme femme pour les chefs de poste dans les représentations à l’étranger. Nous avons présentement 40 % des chefs de poste qui sont des femmes.

Stéphanie Allard-Gomez (première à gauche) lors d’un événement de ONU Femmes (photo: Délégation générale du Québec à Mexico).

Quels sont les services offerts par la Délégation générale du Québec à Mexico pour les personnes qui veulent faire affaire au Mexique?

Nous avons une très belle diversité à la Délégation, à l’image de la relation très riche qu’entretiennent le Mexique et le Québec. Notre équipe, composée de Mexicains et de Québécois, met en œuvre différents programmes variés : mobilité, éducation, culture, coopération. Notre Service économique s’occupe par ailleurs d’appuyer les entreprises québécoises dans leurs démarches d’affaires au Mexique.

Selon vous, quels sont les points communs ou qui unissent la culture québécoise à la culture mexicaine (latino-américaine)?

En fait, vous avez sûrement déjà entendu dire que les Québécois sont les Latins du nord. Pour ma part, je considère que les Mexicains sont les Québécois du sud! Le Québec et le Mexique ont une relation très particulière en Amérique du Nord. Nous partageons une certaine ‘’latinité’’ avec le Mexique, dans un continent où l’anglais est prédominant. Nous sommes de part et d’autre des gens chaleureux, ouverts, accueillants. Je crois qu’il y a des traits culturels communs aux Québécois et aux Mexicains qui facilitent la relation par rapport à d’autres régions en Amérique du Nord. Je soulignerais également que le français est la deuxième langue apprise au Mexique.

On ne peut passer outre le fait qu’il y a un héritage français et francophone très important au Mexique. Plus de 350 000  Mexicains qui apprennent le français et, depuis 2014, le Mexique est membre observateur de l’Organisation Internationale de la Francophonie, où le Québec est très actif depuis 1971, une année après la création de l’OIF.

Le Québec et le Mexique sont deux nations qui ont une grande diversité culturelle, notamment au niveau des peuples autochtones. Au Québec, nous avons 11 nations autochtones. Au Mexique, 68 langues autochtones sont encore apprises et parlées à ce jour.

Pour ce qui est des relations bilatérales, nous avons un long historique en ce qui concerne nos relations diplomatiques. Le Consulat du Mexique à Montréal a été créé en 1931, soit 13 ans avant l’établissement des relations diplomatiques entre le Canada et le Mexique en 1944. La délégation du Québec au Mexique – la troisième délégation la plus importante au monde, après celles de Paris et de  New York, créée en 1980, célèbrera ses 40 ans l’année prochaine.

Les mexicains et les québécois sont de de part et d’autre de grands consommateurs et de grands producteurs de culture en Amérique du Nord.  La présence culturelle du Québec au Mexique est d’ailleurs impressionnante,  avec en moyenne une activité culturelle à tous les deux jours. La présence culturelle mexicaine au Québec est tout aussi dynamique. Le consul général du Mexique à Montréal, Alejandro Estivill, fait d’ailleurs un travail remarquable en ce sens.


Laura Ochoa est présidente et fondatrice d’Affaires Internationales au Féminin, une organisation sans but lucratif qui vise à promouvoir, à travers les femmes, les relations d’affaires avec des pays ayant des accords avec le Canada, ainsi qu’à motiver et reconnaître les femmes pour leur participation et sa contribution à des projets dans le domaine international.

César Salvatierra est étudiant péruvien en Études hispaniques à l’Université de Montréal. Il s’est spécialisé dans la promotion de la culture hispano-américaine à Montréal et à Québec. Il est rédacteur et responsable des relations publiques d’HispanophoneLisez plus d’articles de l’auteur.

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