Par Mélissa Cabana
Amour, famille et agroécologie
Comme bien d’autres jeunes, Maria et Yelsing, jeune couple dans la vingtaine, rêvaient de bâtir leur propre entreprise familiale, mais pas n’importe laquelle. Une entreprise cohérente avec leurs valeurs écologiques et qui permettrait de développer l’économie de leur communauté, voire de leur belle région nicaraguayenne, la réserve naturelle Miraflor.
Laissez-moi vous raconter leur histoire…
La rencontre de ce jeune couple nicaraguayen m’a profondément marquée. Moi, jeune professionnelle et maman dans la trentaine. J’ai été grandement impressionnée par la débrouillardise, le leadership et le sens des affaires de ces jeunes, mes cadets de 10 ans, qui ont eux aussi un enfant en bas âge.
Maria, 22 ans et Yelsing, 23 ans, deux jeunes agriculteurs maintenant devenus entrepreneurs grâce à Proga-Jeunes : un programme de formation en agroécologie comprenant un volet entièrement dédié à la création de microentreprises et à la commercialisation de produits agricoles.
Quand agroécologie rime avec amour et ambition
De plus, l’histoire de Maria et Yelsing est romantique à souhait. Imaginez deux jeunes étudiants en ingénierie agricole qui tombent amoureux et qui, après leur graduation, décident de retourner vivre ensemble dans leur communauté, Apaguis, pour y fonder une famille et cultiver la terre familiale, laquelle est entourée de paysages à couper le souffle. Mais leur histoire ne s’arrête pas ici.
C’est avec les yeux brillants et remplis de détermination que le jeune couple me raconte à quel point ils étaient enthousiasmés en 2016 d’apprendre qu’un programme de formation en agroécologie allait prendre place dans leur région.
« Pour nous, c’était vraiment important de savoir que nous avions une autre occasion de poursuivre nos études ensemble, dans une carrière qui se consacre à la protection de l’environnement et à l’utilisation de techniques agroécologiques », me raconte Maria.
Des chances comme celle-là, il n’y en a pas des tonnes pour les jeunes du Nicaragua qui vivent en milieu rural. Au contraire, elles se font plutôt rares, ce qui pousse les jeunes à migrer vers d’autres pays pour trouver un emploi et subvenir aux besoins de leur famille.
«Un des problèmes majeurs qui affectent les jeunes du Nicaragua est le manque d’emploi. Souvent, nous n’avons même pas la capacité de créer un petit commerce, faute de capital. Mais grâce à Proga-Jeunes, nous avons eu accès à du microcrédit avec lequel nous avons pu mettre en œuvre notre plan d’affaires et rester dans notre communauté», témoigne Maria.
Étincelle de génie pendant la classe de fertilisation
« Comme jeunes entrepreneurs, nous sommes capables de mettre un plan d’affaires en œuvre avec nos idées novatrices. » – Maria
C’est pendant leur classe de fertilisation agroécologique que Maria et Yelsing ont eu une idée de génie. Celle de fabriquer un fertilisant agroécologique qui permettrait aux producteurs et aux productrices de la région de cultiver leur terre tout en conservant les sols, en éliminant les produits toxiques et les maladies, et en assurant la production d’aliments de meilleure qualité nutritionnelle. Voilà comment est née l’idée de produire le fertilisant PRINEC (Productos integrados y ecológicos).
Leur ambition ne s’arrête toutefois pas ici. Si Proga-Jeunes leur a appris une chose, c’est qu’il faut savoir mettre ses apprentissages en pratique pour réaliser ses rêves.
C’est ainsi que Yelsing et Maria me partagent leur vision :
« Mon plus grand rêve serait de continuer à travailler avec ma microentreprise de production maraîchère et de fertilisant. De positionner mon entreprise sur les marchés régionaux et nationaux. Je souhaite aussi que ma microentreprise soit reconnue pour son travail agroécologique », raconte Maria, main dans la main avec Yelsing.
Maria et Yelsing m’ont ensuite invité à prendre un café avec toute leur famille, au cœur des montagnes verdoyantes de Miraflor, sous un magnifique coucher de soleil.
Proga-Jeunes en bref !
De 2011 à 2017…
- 2378 jeunes formés en agroécologie, transformation et commercialisation
- 1 471 d’entre eux, dont 640 femmes, ont maintenant un diplôme reconnu par le gouvernement nicaraguayen
- 234 microentreprises agricoles
- Un impact direct sur les revenus et la sécurité alimentaire de 10 000 familles des départements de Madriz, de Nueva Segovia et d’Estelí
Projet financé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
*Crédits photos : Jacinthe Moffatt.
Article écrit avec le soutien de :