Par César Salvatierra
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À peine deux mois après son arrivée à Montréal, le chanteur hispanique Rafael est invité à auditionner. Le trac naturel s’est installé, mais Rafael est entré dans l’auditorium et a chanté d’un ton bas et ferme dont personne n’a manqué dans le silence. « Chantez-nous un merengue de rue et un merengue romantique » , a demandé Kuky Corbucia, directeur de Estofa Band, découvrant que la voix de Rafael était versatile, qu’elle parcourait les gammes avec familiarité, et qu’il possédait un certain swing particulier, héritage de ses Caraïbes natales, de sa République dominicaine.
Jusqu’en 2009, des nouvelles compositions, des enregistrements, des albums et des concerts à Montréal et ailleurs étaient des projets inévitables dans sa carrière de vocaliste chez Estofa Band. Un soir de concert, cette voix n’est pas passée inaperçue aux yeux de Glenda Rush, une agente musicale expérimentée au Canada. Cette réunion était le certificat de naissance de Rafael Energía Dominicana.
Une place dans la jungle moderne
Avec plus de 10 ans de collaboration sous le label Vivo Musique Internationale, le partenariat de Glenda et Rafael est basé sur le travail acharné et la persévérance de ceux qui savent qu’en tant que musicien latino-américain, se faire une place au Canada n’est pas facile. La dernière reconnaissance que Rafael Energía Dominicana a reçue est le Latin Awards Canada en 2020 dans la catégorie « Meilleur artiste public », une reconnaissance particulièrement précieuse en cette année de pandémie où le secteur culturel a été durement touché.
« Lorsque je travaillais chez Universal Music Canada, j’insistais sur la qualité de la musique latine. Il est évident que ce n’est pas facile, mais lorsque j’ai rencontré le professionnalisme de Rafael, son sens de la scène, sa voix et aussi le fait qu’il compose ses propres chansons, j’ai décidé de continuer sur cette voie », nous raconte celle qui a été récompensée comme « Agent de l’année » aux Latins awards Canada 2016 et 2018.
« Vous n’irez pas loin avec la musique latine au Canada »
« Commercialiser, représenter et produire une carrière en anglais, en français et en espagnol au Canada est complexe. Cela demande beaucoup de discipline, de soutien et de ressources », souligne Glenda Rush à propos des rôles et des défis d’un agent sur le marché canadien de la musique. Contrairement aux États-Unis, où la musique latine est célébrée lors des Latin Grammy Awards, le positionnement des genres latins au Canada est encore à definir.
« Beaucoup de gens m’ont dit que je n’irais pas loin en faisant de la musique latine au Canada, mais rien n’est plus loin de la vérité. », s’exclame Rafael qui, avec l’orchestre et Glenda Rush, a donné des concerts au Festival de jazz de Montréal, aux Jeux paralympiques de Vancouver 2010, aux Jeux panaméricains de 2015 à Toronto, entre autres villes du pays. « Dans ce métier, personne ne crée de la musique pour rester dans son pays, la musique voyage et l’artiste professionnel voyage avec elle, assure Rafael avec une honnête fierté. »
Un soutien inattendu
En 2018, l’ambassade du Canada en République dominicaine a encouragé l’artiste et le groupe à donner deux concerts dans le cadre des activités culturelles organisées pour la fête nationale canadienne. Le soutien à la gestion de la production est venu de la SOCAN et du Conseil des Arts du Canada qui en a couvert 75%.
« Des nombreux artistes doivent financer leurs propres projets pour réaliser des bénéfices. Vivo International est une petite entreprise comme il en existe beaucoup au Canada. Nous avons également bénéficié du soutien de Microcrédit Montréal qui nous a accordé un prêt équivalent aux 25 % restants pour couvrir les salaires des musiciens et de l’équipe de production », relate Glenda Rush à propos de ce concert réussi qui leur a ouvert d’autres portes.
L’une de ces portes a conduit Rafael à composer et à produire « Pronto volveremos a abrazarnos», une chanson destinée à encourager la campagne de vaccination contre le Covid-19 à Saint-Domingue, capitale de la République dominicaine où la musique est aussi une outil culturel qui combat la pandémie contre son contrôle planétaire.
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