Le rappeur montréalais LRO signe Trust No One en collaboration avec Warrior, un des plus grands noms du hip hop en Amérique latine
Par Alexis Lapointe
L’artiste LRO s’affirme depuis quelques années comme un talent émergent du hip hop à Montréal. Après avoir fait ses premières armes dans le hip hop en Colombie, il publiait en 2018 au Québec son premier album A mi manera. À la veille du lancement de son prochain disque 105, il dévoile une pièce créée avec un artiste qui représente une référence incontournable pour le hip hop en Amérique latine. Artiste établi au Pérou, Warrior se distingue par son verbe à la fois poétique et politique comme chanteur du célèbre collectif musical Rapper School.
Avec une histoire de trahison qui se philosophe à deux voix et s’adresse à qui de droit, la pièce de LRO se révèle à la fois harmonique et caustique. Initiée avec des airs de balade doucereuse, la musique coproduite par l’artiste Rila Beat se convertit vite en échos percutants aux sulfureuses missives de LRO et Warrior.
« C’est quand j’ai entendu pour la première fois Rapper School en 2010, au moment où ils ont sorti la pièce Psisosis que j’ai eu ce déclic à l’origine de mon intérêt pour le hip hop en espagnol, dit Luis Rodriguez alias LRO. Il y avait peu de rappeurs hispanophones à l’époque et parmi ce petit nombre de pionniers, on trouvait ce collectif du Pérou. »
Une décennie plus tard, le mouvement hip hop a pris un essor d’une envergure historique particulièrement déterminante en Amérique latine. Originaire de Bogotá, LRO porte avec talent ce vent d’inspiration hispanophone à Montréal. Un souffle de grande valeur pour la scène locale, comme en témoigne l’accueil enthousiaste de ses performances dans des événements comme MTL Pachangón ou encore le festival Under Pressure.
Lima en la casa
D’ailleurs, LRO raconte que la genèse de cette collaboration avec Warrior vient précisément de la rencontre avec Rila Beat. « Quand j’ai appris que Rila vivait à Montréal, j’ai tout de suite voulu le rencontrer, raconte-t-il à propos de celui qui allait produire son album A mi manera. Il y a une connexion qui s’est faite immédiatement lorsque je l’ai connu et depuis nous avons entrepris différentes collaborations. »
Originaire de Lima, Rila Beat jouit d’une solide réputation internationale et contribue par des engagements ponctuels au collectif Rapper School. D’où le contact établi pour LRO avec Warrior. Compositeur aux multiples horizons, le musicien montréalais fait bien sa place dans le mouvement hip hop québécois. Outre les albums qu’il signe à titre d’artiste solo, Rila prend part à la formation Heavy Soundz avec Chele et Lunatico. Comme quoi d’une relation à l’autre, le talent fuse plus que jamais à Montréal.
Calligraphie urbaine
La nouvelle pièce de LRO se distingue enfin par une collaboration d’intérêt au plan visuel, grâce à une œuvre qui l’accompagne et qui porte la signature de l’artiste montréalais Line One. Celui qui se spécialise en art public en plus de développer une carrière en design industriel s’inspire depuis des années de la culture hip hop. Grâce au retour qu’il effectue actuellement à la calligraphie, il met à profit de l’art numérique un savoir ancestral qui confère une splendide profondeur à l’esthétique urbaine. « Au même titre que l’image, les traits visent à susciter une identification à la pièce musicale, soulève Andres Felipe Torres, alias Line One. Je cherchais ici à bien exprimer ce thème de la confiance brisée et ce fut un défi d’autant plus intéressant à relever que j’estime beaucoup l’œuvre de LRO. »
D’un médium à l’autre, Line One tient au rôle social de l’art. « Je participe présentement à la conception 3D d’un projet qu’a mis en place l’UNESCO dans le but de développer la conscience écologique des enfants de l’école primaire et qui s’appelle Little Inventors, dit-il en entrevue. Je vois l’art comme un outil pour changer le monde. »
À titre de journaliste indépendant et de rédacteur professionnel, Alexis Lapointe met en lumière l’innovation artistique à Montréal. Contact: revista@hispanophone.ca