La salsa veut régner

Fête "Changó, soirée colombienne" (photo : Juan Manuel Pardo).

La Clave “, l’école de danse fondée par le jeune colombien Luis Cabanzo, donne de la saveur à l’été montréalais. 

Par César Salvatierra / Traduction par Emmanuelle Richard

Les sonorités de la conga et du bongo retentissent de manière bien caractéristique. Le Bogotanais Luis Cabanzo obéit à la volonté de la peau des tambours et lance son rythme sur la piste de danse. Au stade musical culminant, Luis est rumba à part entière. On ne peut s’empêcher de penser aux centaines d’immigrants de ce pays qui ne vivent pas toujours de ce qu’ils aiment le plus. Luis Cabanzo, un Colombien de 25 ans qui réside à Montréal depuis quatre ans, représente le cas contraire : l’immigration ne l’a pas empêché de poursuivre ses rêves sur la vaste piste de glace qu’est le Canada. En même temps qu’il terminait ses études à l’École de Danse de Montréal, Luis Cabanzo se forgeait un nom dans les foyers latinos de cette ville. En peu de temps, entre la chaleur accablante de l’été montréalais et les silences de son hiver tumultueux, Luis a fondé ” La Clave “, une école de danse de rythmes afros-latinos caribéens de Colombie (ou de salsa, comme la majorité des gens les appellent).

Stimulé par la passion (regardez-le bouger ses pieds), la première chose que Luis a fait en arrivant à Montréal a été de chercher les danseurs et les salseros latinos et de se faire connaître dans un cercle agréable. D’aussi loin qu’il se souvienne, son premier et plus grand amour a été la danse. C’est lorsqu’il était enfant à Bogota qu’il l’a connue en apprenant le folklore de son pays à l’école Orkesos.

Luis Cabanzo peaufine les pas de ses élèves (photo : La Clave).
Luis Cabanzo peaufine les pas de ses élèves (photo : La Clave).

– Comment « La Clave » se distingue-t-elle des autres écoles de danse?

– Nous voulons que l’élève ait du plaisir, affirme Luis Cabanzo. La technique et le style s’apprennent, mais nous cherchons l’essence de chacun. Nous souhaitons qu’il éprouve du plaisir à chaque cours, et qu’au final, il s’amuse avec sa manière de danser.

– Luis est un aimant, assure la Péruvienne Pamela Rodríguez, elle aussi dans la vingtaine.  Pamela est responsable de la diffusion de toutes les activités de cette école de danse. Elle est photographe et étudie en marketing et communication de la mode. Elle affirme qu’apprendre à danser avec Luis peut être aussi facile que faire une addition.

Dans son périple à travers Montréal, Cabanzo a été le fondateur de compagnies comme Yambaedanse. Il a également été le directeur artistique du Carnaval de Barranquilla, organisé par la communauté colombienne. Il représentera le folklore afro-colombien au festival renommé Les Nuits d’Afrique.

« Beaucoup ne connaissent pas leur corps. Enseigner, ce n’est pas facile. Cela requiert une pédagogie de la danse. Mais il est intéressant et stimulant de faire découvrir aux élèves leurs propres mouvements; leur donner un air, une notion, et ensuite la confiance pour qu’ils se sentent bien. Il est vrai que danser, ce n’est pas facile non plus, mais cela doit toujours se faire dans le plaisir » [traduction], nous explique Cabanzo qui a canalisé ses efforts pour faire connaître le style de salsa de Cali dans cette région nord-américaine.

L’équipe de La Clave: Pierre Faubert, Pamela Rodríguez et Luis Cabanzo.
L’équipe de La Clave: Pierre Faubert, Pamela Rodríguez et Luis Cabanzo.

Son intérêt pour répandre son penchant musical l’a également amené à organiser des descargas, c’est-à-dire des réunions libres et sonores pendant lesquelles tout le monde danse jusqu’à l’épuisement, même ceux qui ignorent les pas. La fête se nomme “Changó”, en hommage à la déesse yoruba. Le DJ de ces soirées est Pierre Faubert, un Québécois et photographe globe-trotter qui a adopté l’Amérique latine comme sa deuxième patrie et qui connaît aussi bien les classiques que les musiques de salsa actuelles. Pierre est une preuve de l’intérêt envers les cultures francophone et hispanique, et de la cohabitation et des liens possibles entre ces deux cultures. C’est aussi l’homme qui choisit dans chaque rumba les chansons que les gens apprécient.

Voyageurs de passage, jeunes et joviales, experts et enthousiastes de tous les calibres se rassemblent dans les fêtes “ Changó ” de cet été festif où la salsa veut régner.

La prochaine session de l’école « La Clave »  est toujours ouverte au grand publique.

La descarga « Changó, soirée colombienne » est organisée chaque deux semaines à La Marche à côté, au 5043, rue Saint-Denis, Montréal, H2J 2L8.

Pour plus d’information : www.facebook.com/laclavesalsacolombienne/

Le DJ Pierre Faubert dirigeant le rythme de la fête “Changó” (photo : Juan Manuel Pardo).
Le DJ Pierre Faubert dirigeant le rythme de la fête “Changó” (photo : Juan Manuel Pardo).

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César Salvatierra : Étudiant péruvien en Études hispaniques à l’Université de Montréal et président du Comité latino-américain de cette même université (CLAUM). Il s’est spécialisé dans la promotion de la culture hispano-américaine à Montréal et à Québec. Il est rédacteur et responsable des relations publiques d’HispanophoneLisez plus d’articles de l’auteur.